Histoire d’amour au Maroc
La photo coup de coeur
Le récap
⏱️ 12 jours (dont 4 off)
🚵🏽♂️ 941 km
⛰️ 10620 d+
📊 70% asphalte 30% piste
🍽️ 10 tajines, 3 couscous, 40 pâtisseries, 4 jus d’avocat, 6 jus de fruit, 15 théières, 10 cafés, 19 cocas, 3 sandwichs, 60 dates, 2 kg d’amandes.
Le récit
Notre soif de découverte, de liberté et d’émancipation nous a menés, en février 2023, sur les routes marocaines.
Le plan de route est clair : 1 000 km à parcourir en 13 jours. Une boucle autour de Marrakech, avec un retour à la ville rouge pour prendre l’avion quelques jours plus tard, après flâneries sur la côte et explorations de l’Atlas.
Les photos de Komoot, qui nous faisaient rêver depuis des semaines, nourrissaient notre imaginaire. Nous nous projetions sur les routes côtières en train de savourer du poisson, dans les vallées de l’Atlas à siroter du thé, ou dans les plaines à dévaler des pistes caillouteuses.
Comme vous le lirez, cet imaginaire est devenu réalité, agrémenté de quelques péripéties.
Jour 1
Nous y voilà enfin, prêts à enfourcher nos vélos et à avancer au gré des envies, des rencontres et des paysages. Le premier objectif : atteindre l’océan le soir, à Safi, 180 km plus loin.
6h. Le réveil sonne. Les premiers coups de pédale sont libérateurs. Nos regards complices traduisent une joie immense.
Après une trentaine de kilomètres d’asphalte, le GPS annonce la première piste. Un gravier compact et lisse, probablement aplani par les rares passages d’engins agricoles et de voitures, quel plaisir !
Le compteur affiche 35 km/h.
À une cinquantaine de kilomètres, nous marquons une pause dans un village isolé et y trouvons une épicerie aux allures de garage automobile. Quelques dattes partagées avec les enfants du village, un match de foot et un billard improvisé avec leurs parents : un souvenir inoubliable.
Nous prenons une claque : ces enfants sont heureux, et pourtant, ils n’ont rien. Ces regards émerveillés autour de nos vélos chargés resteront gravés à jamais.
Quelques kilomètres plus loin, première crevaison, et celle-ci est pour moi. Le voyage commence bien… Alors que nous entamons la réparation, un homme surgit au loin sur un scooter et propose son aide. Ensemble, nous changeons la chambre à air. Il nous invite à déjeuner chez lui, mais malheureusement, le temps presse et nous devons décliner sa proposition.
La fin de journée est plus monotone. Sur une ligne droite de 80 km très fréquentée, nous nous relayons à plus de 30 km/h, portés par l’adrénaline. Nos sacoches semblent légères, nous sommes en parfaite harmonie, corps et esprit sont en synergie.
Jour 2
Après une nuit à l’hôtel, nous partons à l’aube. Une scène impressionnante nous saisit sur la terrasse d’un café : une meute d’une cinquantaine de chiens errants traverse la rue et passe devant nous : flippant ! Nous filons vers Essaouira, avec 120 kilomètres au programme aujourd’hui.
Nous progressons rapidement et arrivons à 14 h dans la célèbre cité du vent. Une fois installés, après une douche et une tenue propre, nous partons explorer la médina. Les marchés marocains nous envoûtent par leurs couleurs, saveurs et odeurs. Un festin se prépare pour le dîner.
Jour 3
Nous nous élançons pour une journée d’une petite centaine de kilomètres, avec Imsouane en ligne de mire. Nous avons hâte de découvrir ce petit village, un eldorado paraît-il. Nous verrons bien en fin de journée !
Nous longeons la côte : quel bonheur. Il fait beau, il fait chaud. Les conditions sont parfaites, et les paysages, époustouflants. Les kilomètres défilent, nos sourires traduisent le bonheur qui nous remplit. C’est magique.
Le mercure brûle, et la chaleur nous assomme un peu, mais nous avançons. La matinée se résume à 40 kilomètres de pistes et de routes magnifiques.
À midi, nous arrivons sur les hauteurs de Tafedna, un petit village de pêcheurs perdu. En voyant les bateaux de pêche au loin, nous nous imaginons déjà du poisson dans nos assiettes. Ça ne manque pas : nous tombons sur un marchand qui grille du poisson au barbecue sur sa petite terrasse. Deux tables, quatre chaises. Nous nous installons.
L’homme nous apporte un plateau avec plusieurs poissons frais. Nous choisissons, et ça part immédiatement au barbecue ! Le festin arrive quelques minutes plus tard sous nos yeux.
Nous faisons la rencontre d’un voyageur allemand qui fait le même itinéraire en sens inverse. Il nous signale que certains passages dans l’Atlas autour d’Oukaïmeden sont impraticables à cause de la neige. Il faudra donc adapter notre itinéraire.
Nous voilà à nouveau sur les vélos. Nous avons hâte d’arriver à Imsouane.
Nous nous sommes promis un coucher de soleil en terrasse, un jus à la main. Vu comme ça, on a clairement envie d’arriver, et vite ! L’après-midi passe en un éclair. Avec le vent dans le dos, une route lisse et des kilomètres qui défilent, on nage en plein bonheur. Ces moments sont si riches, les paysages si époustouflants que des larmes coulent le long de mon visage lors de la dernière ascension, des larmes de bonheur.
Nous arrivons au village : premier troquet à droite, vue sur la mer, terrasse magnifique, spot de surf. Ça part !
L’histoire fait bien les choses, car on finit par demander à Momo si on ne peut pas dormir sur sa terrasse. Il nous propose alors de passer la nuit dans son restaurant à l’abri et nous trouve un coin dans son restaurant. Les deux vélos et les deux matelas y tiennent parfaitement, c’est parfait. Une fois le service terminé, il nous donne les clés du resto et rentre chez lui.
Nous serons réveillés en pleine nuit par un homme qui entre par la baie vitrée, prend deux bouteilles d’eau dans le frigo, nous fait un signe, puis repart. Aussi génial qu’étonnant.
Jour 4
On se réveille et il fait sacrément bon dehors. La journée commence bien, quel pied de se lever avec cette vue ! On admire la mer en se remémorant quelques souvenirs construits sur les premiers jours du voyage.
Allez, faut s’activer ! On sort les vélos et on se prépare sur la terrasse.
La journée commence par une ascension vertigineuse, 3 km à 8, 9, 10 %, à la sortie d’Imsouane. Le paysage est spectaculaire. La houle vient taper périodiquement sur ce bout de terre, c’est magnifique.
Sur la route, nous croisons Momo et lui faisons un dernier signe d’adieu.
On s’éclate sur les vélos, avec de belles descentes, 40 kilomètres nous séparent maintenant de Taghazout.
11 h 30, il commence à se faire faim ! L’arrêt boulangerie a très vite été mis au goût des traditions marocaines, et ça, on valide : « Un tajine poulet, s’il vous plaît ! »
Une heure plus tard, il est l’heure de repartir. Un immense billard nous attend, avec quelques bosses. Ça fuse, vent dans le dos.
Nous arrivons vite et faisons la connaissance d’Hassan, notre hôte pour deux nuits. On a décidé de se reposer demain pour profiter de l’atmosphère envoûtante de Taghazout, et faire un check sur les vélos avant de partir s’engager dans l’Atlas.
On déambulera toute la soirée dans les petites rues de la ville.
Jour 5
Aujourd'hui, c’est maxi chill. On doit juste faire une petite course dans la matinée pour trouver des chambres à air.
La journée défile au rythme des vagues qui déferlent sur la plage, des rencontres, des jus bus en terrasse, des pâtisseries et du repos.
Au coucher du soleil, on file au skatepark pour voir ce lieu iconique. L’ambiance est très cool, on fait la rencontre du directeur de l’association de skate qui nous explique comment ça fonctionne, l’histoire du skate à Taghazout et l’attrait touristique de la ville. Chouette moment de partage, tout le monde est heureux ici.
La nuit tombe, on file à l’auberge se faire à manger. On a prévu un bon repas bien copieux. Demain, c’est la plus grosse journée du trip : 195 km pour 3500 m de D+. Départ 6 h.
Jour 6
6 h 30, début de la première ascension. Le compteur en annonce une dizaine pour la journée, mais seules trois sont vraiment difficiles.
La première mène à la vallée du Paradis : 20 km au milieu de nulle part, croisant à peine deux ou trois voitures. Le reste du temps, seul le silence accompagne l’effort. Enfin, le sommet se dessine au loin. Des centaines d’amandiers en fleurs jouent les compagnons de bord de route pour notre plus grand plaisir, c’est magnifique.
On reprend la route et on s’attaque à une piste gravel bien corsée. Ça commence par un passage à gué bien large, puis ça s’enchaîne par une ascension sur une piste de couleur rouge, ocre. On croise quelques petits villages berbères nichés en pleine montagne. La lumière est magnifique, les rayons du soleil font ressortir la fumée des cheminées. Le calme est enveloppant. L’air est doux. Petit à petit, le soleil se cache derrière les montagnes et la température baisse. On voit presque le sommet, on y est presque !
En pleine descente, on tombe sur un village où va s’organiser un ravitaillement express sur le trottoir, que même dans tes plus grandes fringales tu ne penses pas pouvoir t’envoyer.
On tombe sur une équipe d’artisans en train de retaper une maison. On discute avec eux et on leur dit qu’on file à Taroudant avant la tombée de la nuit. Un des ouvriers disparaît un instant pour revenir avec un plateau garni : théière, pâtisseries maison, miel, amandes, pizza, fruits. Ce festin improvisé réchauffe autant le corps que le cœur. 40 km nous séparent de Taroudant, il commence à faire nuit, on a froid.
En désespoir de cause, on s’accroche à la roue d’un scooter roulant à 45 km/h. L’échappement brûle un peu la gorge, mais nous y sommes.
Taroudant !!! Enfin 💛
Jour 7
Le lendemain, on décide de rester sur place. Notre hôte Abdel nous propose de nous faire visiter sa ville, une ville pleine d’histoire. Ses six kilomètres de remparts lui donnent l’allure d’être imprenable et figée dans le temps.
La suite de la journée sera douce, au gré de nos envies gourmandes. À la nuit tombée, on file dans un café pour faire un point sur la trace des jours à venir. Un autre voyage commence alors, celui de l’Atlas, de la montagne. On a tellement hâte d’aller s’enfoncer dans ces vallées encaissées et reculées pour s’isoler encore un peu plus.
Jour 8
Aujourd’hui, c’est le retour sur la selle. Au programme, 130 kilomètres pour rallier le cœur de l’Atlas, à proximité du Toubkal. Pour y parvenir, l’ascension du mythique Tizi N’Test niché à 2100 mètres d’altitude. Les conditions sont difficiles en ce moment, le temps est humide et froid, la neige est tombée récemment. Les couches d’habits s’empilent pour affronter la température négative. Nous sommes bien loin des températures ressenties sur la côte quelques jours plus tôt mais nous nous y étions préparés.
On arrive au col, enfin, on est gelés, affamés. Nous avons le plaisir de tomber sur un petit refuge à la cheminée fumante. À l’intérieur, un feu réconfortant et un thé fumant redonnent des forces. Quatre hommes en tenue traditionnelle berbère y déjeunent. Peu à peu, le brouillard se lève, dévoilant un panorama plus que spectaculaire.
La descente commence, musique à fond, l’euphorie s’empare de nous. Qu’est ce que c’est bon de se sentir vivant.
Sur la route, deux enfants rentrent de l’école et montent vers leur village, l’un à pied, l’autre en vélo. Ces rencontres, aussi brèves soient-elles, ajoutent une touche d’humanité au voyage. La touche que tu viens chercher en venant ici.
Il nous reste alors 20 km à faire avant d’arriver à Ijoukak où Said nous attend. On a réservé une nuit dans un village familial berbère coupé du monde. Nous avons hâte d’y arriver. La suite de la descente se fait à pleine vitesse.
Ijoukak se dévoile enfin sous nos yeux. Said, notre hôte, nous accueille chaleureusement. Les enfants du village, et surtout le petit Assan, illuminent la soirée de leurs sourires. Ce moment de partage et de rencontres prend la forme de ces deux photos, aussi inspirantes que touchantes.
Nous prenons une douche brûlante, puis nous descendons pour rejoindre la doyenne de la famille pour cuire le pain. Le dîner, généreux, réconforte après une journée intense : pain traditionnel, couscous, pâtisseries, miel, thé. On fait le plein pour demain, car une journée difficile nous attend, dans le froid, le vent et surtout sous la pluie.
Jour 9
Direction Aghbalou, dernier grand défi du voyage : 80 km dans le froid glacial et le vent. L’ascension commence doucement, mais les doigts et les pieds trempés deviennent vite un supplice. Le sommet atteint, le vent amplifie les douleurs vives qui s’installent pour la journée.
Un café routier offre un temps de répit, bien que les brûlures aux doigts persistent. La descente vers le logement est un véritable supplice mais l’arrivée au logement nous apporte enfin un peu de chaleur et de réconfort. Le tajine au poulet du dîner au coin du feu clôture cette journée éprouvante sur une note savoureuse.
Jour 10
Le réveil est doux et la météo nettement plus clémente que la veille. La journée est d’autant plus agréable qu’aujourd’hui, on est off.
Programme du jour : chill, chill, et encore chill. C’est une journée de repos bien méritée.
Sous le soleil, les vélos et sacoches retrouvent leur éclat. La visite d’une production artisanale d’amlou (préparation composée d’huile d’argan, d’amandes broyées et de miel) ponctue cette journée de détente. L’instant semble suspendu dans le temps.
Jour 11
C’est parti, 35 km de toboggan jusqu’à Marrakech !
Le vent en décide autrement et nous freine. On se voyait déjà à plus de 50 km/h en descente, avalant les derniers kilomètres à vitesse grand V, dommage. Au bout de 30 km, on s’arrête en bord de route et on se retourne. On découvre alors les sommets enneigés de l’Atlas en fond de chaîne, c’est un bel au revoir 👋🏽
Une fois à Marrakech, on file au Decathlon où nos cartons ont été stockés gentiment pour y démonter les vélos pour le vol du lendemain. On prend un taxi pour filer dans le centre au logement, avec son lot de galères dans les rues étroites de la médina. Deux cartons de vélo au milieu de dizaines de scooters et de passants, on a sué.
Jour 12
Retour à la maison 💛
Cyclistes 🚴🏽♂️ - Valère Martinat & Simon Padovani
Rédacteur 📝 - Simon Padovani
Photographe 📸 - Simon Padovani